Je me fais vacciner ?

Dois-je me faire vacciner, mine de rien la grippe tue encore ?!

La vaccination est le meilleur moyen de protéger une population des épidémies (du grec epi, au dessus et demos, peuple). C’est donc une mesure de santé publique qui vise à empêcher la propagation soudaine d’une maladie infectieuse à l’ensemble de la population mais qui n’empêche pas l’apparition de cas sporadiques.
Il s’agit d’une protection collective qui minimise l’impact sanitaire et économique de la maladie infectieuse, rappelle le Dr Jan-Cédric Hansen, médecin généraliste, officier de réserve actif affecté à la Direction Centrale du Service Santé des Armées et consultant en Stratégie, contributeur au plan pandémie grippale.

Au 1er octobre 2010, l’incidence des cas de syndromes grippaux (fièvre d'apparition brutale supérieure à 39°C accompagnée de douleurs musculaires à type de crampes et de signes respiratoires à type de gène diffuse et/ou de toux) vus en consultation de médecine générale en France est de 24 cas pour 100 000 habitants. Nous sommes donc encore largement en-dessous du seuil épidémique qui est de 105 cas pour 100 000 habitants mais la tendance s’accélère.

La nouvelle campagne de vaccination antigrippale a ceci de particulier, qu’arrivant après le fiasco communicationnel de la « pandémie H1N1 », elle réactive plusieurs types de fantasmes du risque et de risques fantasmés.

La peur du vaccin… historique

La peur du vaccin est un courant de pensée aussi vieux que la vaccination. À l’origine de la vaccination, il y a une démarche empirique de lutte contre la variole qui a déchainé les passions du siècle des lumières à aux travaux de Louis Pasteur (1822-1895). Cette démarche consistait à infecter volontairement la maladie à partir de forme atténuée. Cependant la mortalité était non négligeable même si moins fréquente que par l’inoculation spontanée. Par la suite on eu recours à la vaccine, une maladie de la vache (Vacca en latin qui donna Vaccine puis Vaccin) causée par un virus proche de celui de la variole qui néanmoins pouvait être responsable d’une moralité. Inoculer une maladie animale à des humains est apparue inconcevable à beaucoup ce qui a entrainé le premier mouvement anti-vaccinal d’ampleur notamment en Angleterre.

La grippe est une maladie mortelle,
1 500 à 2 000 personnes en décèdent
chaque année en France !

La technique a beaucoup évoluée et aujourd’hui, pour ce qui concerne le vaccin antigrippal, on n’utilise plus que des fragments de virus selon une composition est établie par l’OMS.

Le risque réel

Les risques réels de la vaccination antigrippale sont identifiés et bien connus des médecins. Ils regroupent des manifestations spécifiques banales comme fièvres, frissons, céphalées, douleurs musculaires, et des effets secondaires rares dont le plus connu est le syndrome de Guillain-Barré dans un contexte ou celui-ci survient surtout après un épisode vira non nécessairement grippal.

Les risques réels de la non vaccination ont été totalement oublié du fait de l’efficacité vaccinale. Il faut rappeler que 1500 à 2000 personnes décèdent chaque année en France de la grippe malgré la couverture vaccinale. La grippe est donc une maladie mortelle qui doit interpeller autant que les infections nosocomiales (4200 décès par an).

Les deux raisons principales de la non vaccination sont la crainte des effets secondaires –réels ou fantasmés – dans 60% des cas chez les personnes ayant un niveau d’éducation supérieur et un doute sérieux sur l’efficacité de la vaccination à prévenir la maladie dans 44 % des cas chez les autres.

La bonne attitude

Les médecins ont leur part de responsabilité dans ce manque de clarification vis-à-vis de la vaccination car ils sont eux-mêmes influencés par leur propre degré de savoir et d’ignorance extrêmement inhomogène et ils ne savent pas toujours comment proposer la vaccination à leurs patients. Pourtant le meilleur facteur prédictif d’une bonne couverture vaccinale contre la grippe est la prescription vaccinale par le médecin traitant.
Par conséquent, le message est très clair insiste le Dr Jan-Cédric Hansen : « Il convient que chaque résident sur le territoire national et que chaque citoyen demande à son médecin traitant d’évaluer l’intérêt de la vaccination antigrippale pour lui et ses proches et de suivre sa prescription en la matière. »

À lire également : « Vaccinations : le droit de choisir » par le Dr François Chofat (Éditions Jouvence) qui s'exprime sur la vaccination obligatoire en France des enfants et adolescents. Une revue de la panoplie des vaccins et de leur utilité, un plaidoyer pour la liberté de vacciner. En librairie.

Et relire au fil de nos colonnes Stratégie « Défenses immunitaires » pour passer outre les virus de l’hiver !