Crise et attitude alimentaire

Ce n’est pas parce que c’est la crise qu’il faut moins bien manger.

Pas facile en ce moment de joindre les deux bouts et de regorger d’idées de repas pour la famille ! Pourtant la crise peut avoir du « bon »…
Lors du colloque « Alimentation et pouvoir d’achat » organisé par le CERIN (Centre de Recherche et d’Information Nutritionnelles) en mars 2009, il a été observé par l’économiste Pascale Hebel du Credoc que si globalement, on observe une baisse des dépenses de consommation alimentaire en volume, les Français achètent moins de produits transformés « tous faits », d’alcool, de poisson et de crustacés. En comparaison, certains aliments comme les produits laitiers et les surgelés résistent mieux. Cette période de crise favorise aussi le retour aux fondamentaux : on rêve de cuisiner plus, une pratique plus économique pour un tiers des Français, plus conviviale aussi et meilleure pour la santé. Enfin, la dimension santé de l’alimentation, revenue en force il y a quelques années, s’estompe au profit de la dimension plaisir, à nouveau centrale pour les consommateurs.
Réinventons notre façon de consommer
Pour le sociologue Denis Muzet, dans ce contexte anxiogène de la crise, l’alimentation apparaît comme un refuge en réaction aux frustrations et inquiétudes, un espace rassurant de bien-être pour compenser les temps difficiles. Le « fait maison » est valorisé. Il s’ancre dans un système de valeurs qui repose sur le soin de soi et de l’autre. Et sur la tempérance, autre valeur montante. Le consommateur aspire à consommer avec sobriété et mesure. Ce qui a pour effet de « valoriser la qualité, signe de respect de soi, plutôt que la quantité des produits ». On ne se passe pas des produits fondamentaux comme la viande mais choisit des morceaux moins chers, les produits laitiers reviennent en force comme nutriments essentiels à la vie. On mange plus « fait maison », authentique. Finalement, La crise réintroduit du sens dans notre alimentation !
Quels aliments privilégier ?
Pour le Professeur Adam Drewnowski,récession économique ne doit pas rimer avec récession nutritionnelle. Et si l’on doit prendre en compte le prix des aliments, c’est plutôt l’environnement culturel qui fait la différence dans l’assiette, car nos choix alimentaires dépendent de multiples critères, le goût, le prix, la symbolique et la praticité, le temps mais aussi notre niveau d'éducation, nos habitudes et notre savoir-faire culinaire. La « junk-food » riche en calories et pauvre en nutriments, n’est pas moins chère que les aliments de base de bonne qualité, riches en nutriments comme les œufs, les légumes secs, les produits laitiers, la viande hachée, peu onéreux.
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